Journée d’études « Épistémologie de l’archéologie » A noter / Autour de la Préhistoire Fouilles du gisement paléolithique moyen, châtelperronien, gravettien, solutréen, badegoulien d’Ormesson

Le Magdalénien après la Nature, une étude des relations entre humains et animaux durant le Magdalénien moyen / Clément Birouste
 

Soutenance de thèse

 

jeudi 22 février 2018 à partir de 14h
Toulouse - Maison de la Recherche


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Jury
- François Bon
- Jean-Guillaume Bordes
- Camille Bourdier
- Sandrine Costamagno
- Philippe Erikson
- César González Sainz
- Charles Stépanoff

 

Résumé
Ce travail vise à apporter de nouveaux éléments dans la compréhension de la relation entre humains et animaux dans l'une des cultures emblématiques du Paléolithique supérieur européen, le Magdalénien moyen du sud-ouest de la France, à travers le prisme d'une approche conjointe des figurations animalières (et humaines) et des éléments squelettiques animaux (et humains). Le cadre du naturalisme rigide qui présuppose l'opposition des concepts de nature et de culture, ainsi que l'universalité d'un anthropocentrisme, s'avère être une limitation gênante pour une telle entreprise. Nous observons en effet que ces caractéristiques réduisent le champ d'investigation de l'archéozoologie comme de l'étude de l'art figuratif animalier, empêchant en partie d'accéder à la manière dont les collectivités du passé elles-mêmes appréhendaient leur environnement. Nous nous intéressons donc aux postures théoriques qui autorisent une relativisation de l'ontologie naturaliste en reconnaissant une diversité d'ontologies. Notre projet est de tenter d'identifier le régime ontologique particulier du Magdalénien moyen à travers les vestiges archéologiques qui lui sont attribués – dans le but de préciser la teneur des relations entre humains et animaux pendant le Magdalénien moyen. Le modèle des quatre modes d'identification de Philippe Descola nous semble être le plus adéquat pour entreprendre un tel projet, en raison de la précision de ses définitions et de sa maniabilité. L'art pariétal du Magdalénien moyen se focalise particulièrement sur les distinctions spécifiques, mais aussi sur l'individuation des animaux et les agissements de chacun, donnant à voir une intentionnalité des animaux. Certaines modalités participent à la mise en relation de ces intentionnalités : le dispositif pariétal, l'utilisation des reliefs naturels et la manière de figurer l'humanité, notamment. Une étude portée sur les vestiges osseux animaux des sites du Magdalénien moyen montre que le schéma global des opérations de boucherie et sa ritualisation supposée s'orientent particulièrement vers l'individualité des animaux et leur subjectivité. Le schéma global de la boucherie concernant les animaux semble trouver un écho avec des pratiques concernant le traitement de certains corps humains. Dans les deux cas, une emphase s'observe dans la minutie et l'intensité des procédés et une sur-représentation des crânes dans les sites d'habitat, pointant un équivalence relative entre les statuts d'humains et de non-humains, ainsi qu'une volonté de désubjectiver les individus par une transformation des formes. Les intentions véhiculées par ces diverses pratiques – dans l'art pariétal, le traitement des corps animaux et humains – nous semblent particulièrement représentatives d'un mode d'identification animiste au sens de Descola, et s'avèrent peu compatibles avec d'autres modes d'identification, y compris le totémisme auquel on associe pourtant régulièrement le Paléolithique supérieur européen. Un schéma global à la coloration animiste apparaît, dans lequel se note l'importance de l'individuation des humains comme des animaux, et l'importance de leurs mises en relation. Diverses formes d'interaction entre individus humains et non-humains pourraient trouver leur place au sein de ce qui semble constituer un cycle intégrant des pratiques visant à l'apparition comme à la disparition de subjectivités animales.

 

Plus d'infos

 

 

 

 

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