08-2023, tome 120, 3, p.311-359 - Koehler H., Moine O., Affolter J., Diemer S., Wuscher P. (2023) - Re-evaluation of the Lower and Middle Palaeolithic of Achenheim (Alsace, France)

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08-2023, tome 120, 3, p.311-359 - Koehler H., Moine O., Affolter J., Diemer S., Wuscher P. (2023) - Re-evaluation of the Lower and Middle Palaeolithic of Achenheim (Alsace, France)

Re-evaluation of the Lower and Middle Palaeolithic of Achenheim (Alsace, France)

 

Héloïse Koehler, Olivier Moine, Jehanne Affolter, Simon Diemer, Patrice Wuscher

 

 

Abstract:

During their exploitation, the quarries of Achenheim and Hangenbieten (Alsace, France) provided access to an exceptional loess-paleosol sequence, totalling over 40 m in thickness and spanning at least four glacial-interglacial cycles. As early as 1914, E. Schumacher identified thirty stratigraphic units, in which, over the course of almost a century, numerous large faunal remains and lithic artefacts scattered within various levels would be revealed, although only two of these levels were extensively excavated. In particular, the site offers an almost complete key sequence to understand early settlement dynamics in the Rhine valley and particularly the transition between Lower and Middle Palaeolithic, at the boundary between western and central Europe. Nevertheless, data are old and artefacts were recovered by quarry workers and repositioned after their collection. Moreover, while many chronostratigraphic and paleoenvironmental studies have been made during the last decade, the data are dispersed and rarely combined. Due to these biases Achenheim's archaeological data could be disregarded. In the present study, we aim to take a fresh look at the reliability of Achenheim's lithic assemblages. We focus on Lower and Middle Palaeolithic lithic remains, re-examined here in detail. In parallel, their chronostratigraphic position in terms of marine isotope stages, as well as the contemporaneous palaeoenvironmental characteristics, have been checked by combining all available data scattered in many publications concerning older quarries that are no longer accessible or difficult to access. By comparing the archaeological data from this site with the most recent discoveries, both in Alsace and elsewhere in north-western and central Europe, we can show that the lithic industries, though largely incomplete, represent an interesting sample which sheds new light on the succession of lithic technocomplexes of early settlement in the Upper Rhine area. The various technical manifestations identified at Achenheim seem to match the overall techno-typological sequence observed for the Middle and Late Pleistocene of either northwestern or central Europe.

 

Keywords: Lower Palaeolithic; Middle Palaeolithic; Lithic industries; Loess; Palaeoenvironment; Upper Rhine.

 

Résumé :

Au cours de leur exploitation, les carrières d'Achenheim et d'Hangenbieten (Alsace, France) ont permis l'accès à une séquence de loess exceptionnelle, totalisant plus de 40 m d'épaisseur et couvrant au moins quatre cycles glaciaires-interglaciaires. Dès 1914, E. Schumacher identifie une trentaine d'unités stratigraphiques, au sein desquelles, pendant près d'un siècle, seront mis au jour de nombreux restes archéologiques, tant fauniques que lithiques. L'importance de cette séquence a suscité l'intérêt de nombreux chercheurs, français, belges, suisses et allemands qui ont mené plusieurs études pluridisciplinaires, notamment environnementales et stratigraphiques durant plusieurs décennies de la fin du xxe siècle. Néanmoins, il ne résulte de ces études publiées tantôt en français, tantôt en allemand, tantôt en anglais, aucune synthèse exhaustive ni aucun schéma détaillé excepté une vision synthétique des cycles glaciaire-interglaciaire. Il est ainsi difficile d'avoir une lecture globale de la stratigraphie.

De plus, les objets archéologiques ont fait l'objet d'études assez anciennes et méritent d'être réexaminés à l'aune des connaissances actuelles, d'autant plus que leur mode de collecte est éloigné des standards modernes. En effet, excepté deux niveaux ayant fait l'objet de fouilles approfondies, le reste de la collection a été collecté au gré de l'exploitation des carrières, le plus souvent par les ouvriers, mais néanmoins avec un suivi stratigraphique permettant de positionner les objets au sein des ensembles sédimentaires. Il convient ainsi de s'interroger sur la fiabilité de cet ensemble archéologique, afin de savoir quelles informations peuvent en être raisonnablement exploitées. La première question porte sur la validité du positionnement des objets aux bons ensembles sédimentaires. La seconde sur la corrélation des ensembles sédimentaires à une chronostratigraphie précise, permettant alors de les comparer ensuite à d'autres ensembles bien calés des régions voisines. Ces questions sont d'autant plus importantes que le site d'Achenheim se situe dans une région globalement pauvre en sites paléolithiques. Cette lacune archéologique observée dans tout le Rhin supérieur limite toute étude de la dynamique de peuplement à l'échelle européenne.

Dans cet article, nous nous concentrons sur les vestiges lithiques du Paléolithique inférieur et moyen, qui ont fait l'objet d'un réexamen détaillé. Une étude technologique et pétrographique a notamment été réalisée sur les objets de la collection Wernert, représentant un corpus de 860 objets inégalement répartis au sein de plus de 21 unités sédimentaires.

Toutes les mentions stratigraphiques rattachées aux objets archéologiques ont été réexaminées et il s'avère que la plupart des objets sont bien attribués à une unité sédimentaire précise. En parallèle, le positionnement chronostratigraphique de ces ensembles sédimentaires a été soigneusement questionné, en combinant toutes les données disponibles dispersées dans la littérature concernant les carrières les plus anciennes qui ne sont plus accessibles. Les caractéristiques paléoenvironnementales ont ainsi été scrupuleusement vérifiées en les comparant notamment aux données disponibles au sein de séquences plus récentes. Suite à ce travail, il a été possible de confirmer ou proposer des rattachements de la plupart

des unités sédimentaires à des stades isotopiques marins et ainsi repositionner les ensembles archéologiques dans un cadre chronostratigraphique global, facilitant leur confrontation aux autres sites disponibles de part et d'autre du Rhin.

Le croisement des données archéologiques de ce site avec les découvertes les plus récentes, tant en Alsace qu'ailleurs dans le nord-ouest et le centre de l'Europe, permet de démontrer que l'industrie lithique, quoique largement incomplète, peut être considérée comme un échantillon cohérent pour porter un regard nouveau sur la succession des cultures lithiques des premiers peuplements dans la région du Rhin supérieur. Les diverses manifestations techniques identifiées à Achenheim semblent s'inscrire dans l'évolution techno-typologique globale observée pour le Pléistocène moyen et supérieur, tantôt d'Europe du Nord-Ouest, tantôt d'Europe centrale.

 

Mots-clés : Paléolithique inférieur, Paléolithique moyen, industries lithiques, loess, paléoenvironnement, Rhin supérieur.